HtmlToText
← articles plus anciens 23 septembre 2012 une année en france, deuxième saison lancée par le monde et lemonde.fr en juin 2011, l’opération une année en france a pris fin avant l’été, au lendemain des élections présidentielle et législatives. vous avez été très nombreux à suivre et commenter l’immersion de huit reporteurs/blogueurs, partis « prendre le pouls » du pays pendant douze mois dans autant de communes françaises : avallon, dunkerque,la courneuve, mézères, montpellier, saint-pierre-des-corps, sceaux et sucy-en-brie. © antonin sabot/lemonde.fr alors qu’un livre – une année formidable ! en france (éd. des arènes) – et qu’un web-documentaire ont été tirés de cette expérience, notre projet se prolonge aujourd’hui sous la forme d’un blog unique et collectif tout simplement appelé une année en france . ouvert aux rédactions papiers et web du monde, ce blog s’est donné pour objectif de parler de la crise et des mutations qui en découlent, tout en faisant la part belle aux reportages et aux portraits. bonne continuation en notre compagnie. ________________ ps : je serai présent à mézères le 20 octobre pour une présentation à la maison vieille à 17 heures, du livre une année formidable ! en france. antonin sabot publié dans actualité | commentaires fermés sur une année en france, deuxième saison 23 mai 2012 cette fois, la récolte est finie c’était il y a environ un an . alors que ce blog avait déjà connu deux saisons à la campagne, il était relancé pour « une année en france » . une année à mézères, une année pour continuer à découvrir les habitants de ce petit village de la haute-loire et leurs aspirations ou leurs peines, mais aussi une année pour voir arriver et passer la présidentielle. © antonin sabot / lemonde.fr une année où l’on a touché les difficultés de la campagne, comme l’accès aux soins ou les déplacements . on a aussi vu plusieurs fois qu’il n’y est pas facile de trouver un travail peu qualifié quand on est une femme. et la fermeture de l’usine lejaby , juste à côté, à yssingeaux, est venue le confirmer. on a parlé des fêtes aussi, et du plaisir que beaucoup ont à habiter ici. des choix de ceux qui viennent s’installer là pour changer de vie , de ceux qui tentent d’ animer le village ou s’y rappellent les traditions ancestrales . ce qu’on a vu surtout, c’est qu’ici, le temps ne s’écoule pas tout à fait de la même façon qu’ailleurs. les saisons sont bien sûr très importantes et influent beaucoup plus sur les activités que lorsqu’on habite en ville. mais le temps lui-même, cette matière intangible, semble couler à son propre rythme. même si beaucoup partent dans les villes alentour pour travailler, sortir de la « grande route » pour monter jusqu’au bourg de mézères peut parfois s’apparenter à l’entrée dans une bulle un peu à l’écart de la précipitation contemporaine. pour les agriculteurs aussi, eux qui disent souvent que « l’an prochain » ils ne s’en sortiront plus, le temps s’écoule autrement. leur « récolte d’après » pour reprendre le titre de ce blog, ils la font en réalité tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. oui, il y a bien une fois l’an, la clôture de leurs comptes, ou le moment où les producteurs laitiers reçoivent le récapitulatif de tout ce qu’ils ont produit ; mais le lendemain, le travail reprend et il n’y a pas de grandes vacances pour relancer un nouveau cycle ou de période de réflexion pour réorganiser la production. c’est chaque jour qu’ils doivent s’assurer que tout fonctionne, chaque semaine qu’ils regardent si la météo leur permettra les travaux en extérieur… bien sûr, la précipitation contemporaine, et même médiatique, parvient chez les gens par l’intermédiaire du travail, des enfants qui vont à l’école, des télévisions qui illuminent les salons le soir ou des écrans d’ordinateur (depuis trois ans qu’internet est arrivé en bas du village). mais de loin, on a toujours l’impression que rien ne bouge. les vieilles maisons en pierre veillent, imperturbables et le va-et-vient des tracteurs autour est inchangé. d’ailleurs, la présidentielle, on ne l’a vue qu’au tout dernier moment. alors que les médias en parlaient depuis des mois, elle a surgi ici le temps de quelques semaines à peine, pour ne pas dire quelques jours, avant le vote. auparavant, personne n’en parlait, ou si peu. elle a un peu fait l’effet d’une agitation passagère, monopolisant l’attention de tout le monde pendant deux week-ends, avec le score important du fn comme un premier choc, puis la victoire de hollande, le second. ensuite ? retour au calme et aux problèmes quotidiens. nouveau cycle c’est peut-être un effet d’optique, mais ce cycle de reportages s’achève et beaucoup de nouvelles semblent sur le point d’arriver à mézères. car, si de loin les choses ne bougent pas, il y a bien eu du nouveau à mézères en un an, et surtout ces dernières semaines. laurence et roland , qui cherchaient à vendre leur maison on trouvé preneur. en juin, ils s’envolent pour l’île de la réunion et une nouvelle étape de leur vie. magali , qui avait choisi une filière d’études courtes pour trouver du travail a été bien inspirée puisqu’elle a décroché un contrat dans l’entreprise où elle effectuait son stage. chez christian , un nouveau bébé est arrivé, et la maison de lionel et nelly a bien avancé. il y a quelques semaines, il a posé les fenêtres. jérémy , qu’on a croisé plusieurs fois, va bel et bien perdre son emploi à l’espace jeunes, comme il le craignait, mais il est déjà en train de monter un nouveau projet, dont on ne parlera pas trop ici pour ne pas l’éventer. oui, mézères n’est qu’un village sur les milliers que compte la france rurale. il a ses particularités, sa sociologie et ses problèmes propres. néanmoins, beaucoup des choses que l’on a racontées ici auraient pu arriver -et arrivent sûrement- ailleurs. son bistrot à l’ancienne qui risque bien de fermer, ses vendeurs ambulants, boulangers ou camion-pizza , les médecins qui vieillissent et qu’il faut remplacer par des roumains , ses vieilles dames qui connaissent tout de chaque maison du bourg, il doit y en avoir partout en france. il n’y a donc rien d’exceptionnel dans tout ce que ce blog a raconté depuis qu’il a ouvert, en août 2010 . mais beaucoup y est représentatif de ce que vivent nos campagnes qui, si délaissées qu’elles semblent parfois, ont encore une fois attiré l’attention des politiques à l’occasion des élections. ou au moins de certains politiques. je suis très heureux d’avoir pu vous raconter mon retour dans ce village que j’avais connu enfant, heureux d’y avoir découvert des évolutions comme des choses qui n’ont pas bougé. merci beaucoup à tous les habitants de mézères et des alentours qui ont accepté de témoigner ici. a chaque session, je me demandais s’ils n’allaient pas en avoir assez que je vienne encore remuer le foin, leur poser des questions indiscrètes ou idiotes parfois. ils ont joué le jeu et j’espère que vous, chers lecteurs, leur en êtes aussi reconnaissants que moi. cette fois, la « récolte », si belle et bonne fut-elle, est bel et bien finie. antonin sabot ps : les autres blogs du projet une année en france continuent à la courneuve , dunkerque , saint-pierre-des-corps , sceaux , montpellier , avallon et sucy-en-brie , jusqu’au 24 juin. publié dans actualité | 23 commentaires 21 mai 2012 législatives : face à la montée du fn, laurent wauquiez joue la proximité il y a à peine trois mois, peu de gens en haute-loire doutaient que laurent wauquiez, actuel maire du puy-en-velay et ancien ministre sous nicolas sarkozy, serait élu député, peut-être même au premier tour. après l’élection présidentielle cependant, tout semble remis en jeu*. alors, l’ancien ministre a dû ressortir l’anorak rouge qu’il enfile dès qu’il est dans le département et qui lui permet d’être immanquable sur les photos que publie la presse locale, et il parcourt la campagne pour rassembler électeurs et soutiens. rien de neuf, assure-t-il avec raison. même dans les plus petits villages on l’a vu passer de nombre